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La lutte des classes

Dans le Manifeste Communiste, Marx et Engels expliquaient qu’un moteur constant de l’histoire – du moins l’histoire celle transmise par les textes – est que le développement social prend place à travers la lutte des classes. Sous le capitalisme, celle-ci a été grandement simplifiée par la polarisation de la société en deux grandes classes antagonistes, la bourgeoisie et la classe ouvrière (ou salariat). L’immense développement de l’industrie et de la technologie au cours des 200 dernières années a mené à la concentration croissante du pouvoir économique dans les mains de quelques-uns.

« L’histoire de toutes les sociétés jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes », dit le Manifeste dans une de ses phrases les plus célèbres. Longtemps, beaucoup de gens ont pensé que cette idée était démodée. Au cours de la longue période d’expansion capitaliste qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, avec le plein emploi dans les économies industrielles avancées, l’augmentation des niveaux de vie et des réformes progressistes (l’« État Providence »), la lutte des classes semblait être une chose du passé.

Marx a prédit que le développement du capitalisme mènerait inexorablement à la concentration du capital, à une immense accumulation de richesses d’un côté et à une égale accumulation de pauvreté, de misère et d’insupportable labeur à l’autre bout du spectre social. Pendant des décennies, cette idée était rejetée par les économistes bourgeois et les sociologues universitaires, qui maintenaient que la société devenait toujours plus égalitaire, que chacun devenait membre de la classe moyenne. Toutes ces illusions ont maintenant été balayées.

L’argument, tellement apprécié des sociologues bourgeois, selon lequel la classe ouvrière a cessé d’exister, a été complètement démoli. Dans la dernière période, d’importantes couches des travailleurs qui se considéraient comme appartenant à la classe moyenne ont été prolétarisées. Des enseignants, des fonctionnaires, des employés de banque, etc., ont été précipités dans les rangs de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier, où ils constituent quelques-unes de ses sections les plus militantes.

Les vieux arguments selon lesquels tout le monde peut progresser dans l’échelle sociale, que nous sommes tous de la classe moyenne, ont été invalidés par les événements. En Grande-Bretagne, aux États-Unis et dans beaucoup d’autres pays développés, au cours des 20 ou 30 dernières années, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Les classes moyennes pensaient que la vie consistait en une succession ordonnée d’étapes où chacune marquait un progrès sur la précédente. Ce n’est plus le cas.

La sécurité de l’emploi a cessé d’exister, les commerces et professions du passé ont largement disparu et les carrières de toute une vie sont un vieux souvenir. Les barreaux de l’échelle sociale ont été brisés et la plupart des gens ne peuvent plus aspirer aux conditions de vie de la classe moyenne. Seule une minorité toujours plus petite peut espérer une pension permettant de vivre confortablement, et peu ont une épargne significative. De plus en plus de personnes vivent au jour le jour, avec une vague idée de ce que le futur leur réserve.

Si les gens ont une richesse, elle est dans leur maison, mais avec la contraction de l’économie, les prix des maisons ont chuté dans beaucoup de pays et peuvent stagner encore pendant des années. L’idée d’une démocratie de propriétaires s’est révélée être un mirage. Loin d’être un avantage pour passer une retraite confortable, la propriété d’une maison est devenue un lourd fardeau. Les prêts immobiliers doivent être payés, que l’on travaille ou pas. Beaucoup sont piégés par la dévaluation de leur bien immobilier, sans pouvoir payer les énormes dettes contractées pour les acquérir. Il y a une génération grandissante de ce que l’on ne peut décrire que comme des esclaves de la dette.

C’est une condamnation accablante du système capitaliste. Cependant, ce processus de prolétarisation signifie que les réserves sociales de la réaction ont été brusquement réduites. Une grande partie des « cols blancs » se rapproche de la classe ouvrière traditionnelle. Dans les récentes mobilisations de masse, des sections de la population qui, par le passé, n’auraient jamais songé à faire grève ou à rejoindre un syndicat, comme les enseignants et les fonctionnaires, étaient en première ligne sur le front de la lutte des classes.

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