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LOI TRAVAIL : Les méthodes et le programme de la lutte

Le retrait de la loi Travail est – logiquement – le mot d’ordre central du mouvement. Mais dans la jeunesse en particulier, il s’accompagne de plus en plus d’une remise en cause générale du « système ». De fait, même si le gouvernement renonçait à la loi Travail, le capitalisme en crise poursuivrait son œuvre destructrice : croissance du chômage, de la précarité et de toutes les formes de misère ; plans sociaux, destruction des services publics, pénurie de logements, etc.

Du point de vue de l’implication de la masse des travailleurs, la question desméthodes et du programme du mouvement est décisive. La plupart des travailleurs comprennent que la loi Travail est une attaque majeure : tous les sondages l’indiquent. Mais pour nombre d’entre eux, en particulier dans le secteur privé, des grèves de 24 heures sont un sacrifice très important. Non seulement ils perdent une journée de salaire, mais ils s’exposent aux mesures punitives de leur employeur. Et pour quel résultat ? Même lorsqu’elles sont massives, les « journées d’action » ne font pas reculer le gouvernement. C’est ce qui explique que beaucoup de travailleurs ont soutenu la journée du 31 mars, mais sans y participer eux-mêmes. Ils comprennent ou sentent que dans un contexte de profonde crise économique, la classe dirigeante ne cèdera pas facilement. Ils seraient prêts à se lancer dans un mouvement de grève reconductible, mais à condition que son objectif soit à la hauteur des risques et des sacrifices consentis. Or le seul retrait de la loi Travail leur apparait comme insuffisant – car il écarterait une attaque, certes, mais ne règlerait aucun des problèmes qui, aujourd’hui, accablent la vie quotidienne des travailleurs. D’ailleurs, nombre d’entre eux subissent déjà les dispositions prévues par la loi Travail.

On nous répondra : les directions syndicales ne se contentent pas de réclamer le retrait de la loi Travail ; elles avancent d’autres mots d’ordre. C’est exact. Mais voyons précisément comment elles s’y prennent – et si cela peut convaincre la masse des salariés. Voici un extrait du communiqué intersyndical déjà cité plus haut : « Les organisations syndicales signataires (…) confirment leur disponibilité pour rencontrer le gouvernement et faire des propositions de droits nouveaux en termes d’emploi, de salaires et pensions, de temps de travail, de protection sociale, de garanties collectives, de conditions de travail, de formation et de droits et libertés syndicales. Des propositions porteuses de progrès social et correspondant à la réalité du travail d’aujourd’hui et de demain. »

Ceci pose deux problèmes. Premièrement, les dirigeants syndicaux s’adressent à un gouvernement réactionnaire – qui attaque brutalement le Code du travail – et se déclarent « disponibles » pour discuter de« propositions » de « progrès social » dans toute une série de domaines. Le gouvernement déclare la guerre aux travailleurs ; en réponse, les dirigeants syndicaux lui « proposent » la paix, la fraternité et le « progrès social ». Les travailleurs comprendraient qu’on s’adresse à eux pour les mobiliser en vue d’arracher telle ou telle concession au gouvernement des grands patrons. Mais en lisant les courbettes diplomatiques de l’extrait que nous venons de citer, ils hausseront les épaules et passeront leur chemin.

Deuxièmement, de véritables « propositions porteuses de progrès social »sont-elles compatibles avec le système capitaliste en crise ? C’est la question que beaucoup de travailleurs se posent. Encore une fois, ils comprennent ou sentent bien que la profonde crise du système ne favorise pas des concessions de la classe dirigeante. Ils voient les carnets de commandes qui restent vides – et le cortège des chômeurs qui se remplit. Ils voient que, loin de faire des concessions, le patronat passe partout à l’offensive – dans les entreprises comme au niveau national, à travers son gouvernement. Dès lors, ils se montreront très sceptiques quant à la possibilité d’obtenir, dans le cadre du système capitaliste en crise, des « droits nouveaux en termes d’emploi, de salaires et pensions, de temps de travail, de protection sociale, de garanties collectives, de conditions de travail, de formation et de droits et libertés syndicales ».

Dans tous ces domaines, la classe dirigeante impose la régression. Comment inverser cette tendance ? Il faut d’abord lutter pied à pied contre toutes les attaques de la classe dirigeante et du gouvernement. Mais il faut aussi passer à l’offensive sur la base d’un programme audacieux, qui vise à exproprier la classe dirigeante et à placer l’économie sous le contrôle démocratique des salariés eux-mêmes. Autrement dit, il faut mettre la question du pouvoir au centre de notre programme, expliquer qu’il n’y aura pas de solution à tous les problèmes des jeunes et des travailleurs tant qu’ils n’auront pas pris le pouvoir et commencé à réorganiser la société sur des bases nouvelles, des bases socialistes. Un nombre croissant de travailleurs le comprendront et seront prêts à s’engager dans cette voie, car c’est la seule façon d’en finir une fois pour toutes avec la régression sociale permanente.

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