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Le congrès du PCF et la crise du Front de Gauche

Le congrès du PCF, qui se tiendra du 2 au 5 juin prochain, sera probablement l’un des plus mouvementés de l’histoire récente du parti. Les erreurs successives de sa direction nationale, ces dernières années, et le couronnement de ces erreurs par la stratégie des « primaires de la gauche », ont provoqué une nouvelle crise du parti. Celle-ci s’exprime jusque dans l’appareil. Pour le congrès, des cadres dirigeants et intermédiaires du parti soutiennent un « texte alternatif » qui rejette les « primaires », entre autres [1].

Alors que Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature et mène campagne, les décisions et résultats du congrès du PCF seront observés bien au-delà des rangs du parti. Le PCF et ses militants ont joué un rôle décisif dans le succès du Front de Gauche à la présidentielle de 2012. Du fait de son implantation militante et de ses relais dans la jeunesse et le mouvement ouvrier, le PCF peut être un facteur politique majeur dans une campagne électorale comme celle de 2017. Mais ce n’est qu’une possibilité ; elle peut ne pas se concrétiser. Si le congrès du PCF confirme la stratégie des « primaires », et donc la scission du Front de Gauche à moins d’un an de la présidentielle, cela aura un impact très sérieux – et, à notre avis, très négatif – sur l’avenir du parti.

Le présent document est une contribution des militants de Révolution, section française de la Tendance Marxiste Internationale. Nous sommes partie prenante du Front de Gauche depuis sa création, en 2009. A l’occasion du 37e congrès du PCF, nous voulons exposer ici notre point de vue sur la politique actuelle du parti, son programme et sa stratégie – mais aussi, plus largement, sur la nécessité de construire un mouvement politique de masse susceptible d’en finir avec le capitalisme en crise. Ainsi, ce document aborde non seulement la politique du PCF, mais aussi celle du Front de Gauche en général – et notamment de Jean-Luc Mélenchon et du mouvement qu’il s’efforce de construire autour de sa candidature.

La crise du capitalisme

La crise du PCF et du Front de Gauche s’est développée dans un contexte économique et politique bien déterminé. Il faut donc commencer par une analyse de ce contexte.

La crise économique qui a éclaté en 2008 est un tournant de l’histoire. Comme dans les années 30, il s’agit d’une crise organique du système capitaliste, et pas seulement conjoncturelle. Le capitalisme s’est toujours développé à travers des cycles de croissance-récession : c’est sa respiration naturelle. Mais la crise actuelle exprime l’impasse historique du système, sa complète décadence. Les moyens de production, la science et la technologie étouffent dans les camisoles de force de la propriété capitaliste et des Etat-nations. Ce système constitue désormais un obstacle absolu sur la voie du progrès social. Il est même une menace pour la survie de l’espèce humaine, du fait des catastrophes environnementales qu’il provoque et prépare.

Depuis 2008, les phases de « reprise » économique ont été très faibles et de courte durée. C’est caractéristique d’une crise organique. Les pays capitalistes avancés oscillent entre faible croissance, stagnation et récession. Les économies dites « émergentes » n’émergent plus ; elles ralentissent sérieusement (Chine) ou sombrent dans la récession (Russie, Brésil), entraînant d’autres économies dans leur sillon. De nombreux économistes bourgeois annoncent une nouvelle récession mondiale à court ou moyen terme. Ils craignent qu’elle soit encore plus profonde qu’en 2008-2009. Le ralentissement de la Chine, en particulier, est une énorme source d’instabilité économique.

En France comme dans le reste du monde, les conditions de vie, de travail et d’études de la vaste majorité de la population n’ont cessé de se dégrader sous l’impact de la crise et des politiques d’austérité. Le rythme de cette régression sociale est plus ou moins rapide selon les pays, mais tous les peuples sont frappés. Partout, la classe dirigeante exige des « allègements de charge » pour elle-même – et des coupes budgétaires pour les autres. Autrement dit, elle transfère le poids de la crise sur les épaules des salariés, des chômeurs, des retraités et de la jeunesse. Les inégalités vertigineuses continuent de se creuser, nourrissant la colère et le ressentiment des « 99 % » contre les « 1 % ».

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